Entre ici et avant il y a la mer

Entre ici et avant il y a la mer
Nelly Slim
en librairie depuis le 7 février 2025
192 p. / 12x19cm / 15€ / isbn 978-2-487484-01-6
Sur une rive l’enfance, les rues de Tunis, l’affection troublante pour Zeïneb, les moqueries des camarades de classe, la mloukhia de la grand-mère Mima. Sur l’autre, la France et ses assignations racistes, la fac, la rencontre avec Sally, l’énergie du militantisme, la nuit et ses soirées qui tirent jusqu’à l’aube. Et partout, le regard des hommes. Il dévisage, insiste, déçoit, et habite le souvenir d’un square sans nom. C’est en plongeuse que la narratrice explore progressivement son nouveau monde, fond marin au sein duquel les créatures sont tantôt menaçantes tantôt rassurantes. Pour trouver des repères à soi, se construire et se reconstruire, d’une rive à l’autre, entre ici et avant.
Nelly Slim est autrice, performeuse et thérapeute. Née à Tunis, elle vit aujourd’hui à Marseille. Elle est co-autrice de l’anthologie It’s Been Lovely but I Have to Scream Now, parue aux éditions Cambourakis en 2024. Ses textes essaiment également dans des revues comme Censored et Retard Magazine, et dans plusieurs fanzines. C’est à partir des zones de contradiction qui la meuvent qu’elle écrit et se produit sur scène, dans une pratique artistique marquée par le collectif, le mouvement et la déclamation poétique. Entre ici et avant il y a la mer est son premier roman.

couverture : Aude Abou Nasr & Cat Hossard / portrait : Camille Cornu

Nelly Slim est l’une des quatre lauréates du prix Gouincourt, avec son premier roman Entre ici est avant il y a la mer. Bravo à elle !
Toutes nos félicitations aux trois autres lauréates : Sabrina Calvo, Fatima Daas & Wendy Delorme !
Nos félicitations également à toustes les nomméEs : Nour Bekkar, Camille Corcéjoli, Juliet Drouar, Pauline Gonthier, Gorge, Lucie Heder, Lumen, Céline Minard, Anne-Fleur Multon & Laura Vazquez.
Et toutes nos amitiés à leurs éditeurices.
Un grand merci aux deux organisateurices de ce prix, Lauriane Nicol & Alex Lachkar, ainsi qu’à toustes les membres du jury.


Elles en parle…
Pauline Le Gall, dans Les Inrocks : Dans son premier roman, Nelly Slim renouvelle le récit d’apprentissage
La Déferlante, dans sa newsletter de juin 2025 : En juin, La Déferlante est fière !
Pour en finir avec la famille

Pour en finir avec la famille
Abolir, prendre soin, s’émanciper
Sophie Lewis
traduction de Noémie Grunenwald
en librairie depuis le 17 janvier 2025
192 p. / 12x19cm / 15€ / isbn 978-2-487484-00-9
Biologique ou choisie, traditionnelle ou réinventée, nucléaire ou élargie, Sophie Lewis n’épargne aucune famille. En organisant la pénurie et la privatisation du soin, du soutien et de l’attention, la structure familiale entrave la réappropriation collective des moyens de reproduction, seul chemin possible vers une société plus égalitaire. Dès lors, il ne suffit pas de faire famille autrement, mais il faut nous libérer de cette institution. Dans ce manifeste plein d’humour, l’autrice parcourt l’histoire du mouvement pour l’abolition de la famille : du socialisme utopique au féminisme radical en passant par la théorie communiste et les luttes contre l’imposition raciste du modèle familial.
Utopiste critique, écrivaine et chercheuse indépendante, Sophie Lewis vit à Philadelphie, aux États-Unis. Elle est titulaire d’un doctorat en géographie, d’un master en sciences politiques, d’une licence en littérature anglaise et d’un master en politique de l’environnement. Elle est actuellement rattachée (sans poste) au Centre de recherche en études féministes, queers et trans de l’Université de Pennsylvanie, et donne des cours d’introduction à la théorie critique et sociale au Brooklyn Institute for Social Research.

couverture : Marine Ruault / portrait : Thom Wall
Une chronique de Pauline Laplace parue dans CQFD n°237 :

Dorothy Allison (1949 – 2024)

Dorothy Allison
11 avril 1949 – 6 novembre 2024
L’écrivaine lesbienne-féministe étasunienne Dorothy Allison est décédée à son domicile, en Californie du Nord, à l’âge de 75 ans, à l’aube du 6 novembre 2024, des suites d’un bref cancer.
Née le 11 avril 1949 à Greenville, en Caroline du Sud, d’une mère adolescente, Ruth Gibson Allison, Dorothy Allison a eu une enfance difficile marquée par la pauvreté et la violence sexuelle, physique et psychologique. Elle est sortie diplômée du lycée, puis a obtenu sa licence au Florida Presbyterian College, avec le soutien d’une bourse au mérite. Elle a ensuite obtenu une maîtrise en anthropologie à la New School for Social Research, à New York. En Floride, Dorothy Allison a rejoint le mouvement de libération des femmes, où elle a trouvé les camarades féministes et lesbiennes qui l’ont soutenue et aimée tout au long de sa vie.
Dans les années 1970 et 1980, d’abord en Floride, puis à Washington et New York, Dorothy Allison s’est engagée dans l’effervescence du mouvement Women in Print, alors en plein essor aux États-Unis. À Tallahassee, en Floride, elle a été éditrice de la revue féministe Amazing Grace et a travaillé dans une librairie féministe. Avec ses essais et ses poèmes, Dorothy Allison a contribué à une multitude de publications féministes, parmi lesquelles Quest et Out/Look, ou encore The Village Voice. Avec Jo Arnone, elle fondé la Lesbian Sex Mafia, un groupe de soutien et d’information pour les femmes qui pratiquent le BDSM, toujours en activité aujourd’hui. Elle a travaillé à la publication de plusieurs numéros de la revue Conditions, en tant que membre de son comité éditorial.
Dorothy Allison a publié en 1983 un recueil de poésie, The Women Who Hate Me, chez Long Haul Press, une maison d’édition féministe de Brooklyn. Avec les éditions Firebrand Books, Nancy Bereano a publié en 1988 son recueil de nouvelles, Trash, lequel a remporté deux Lambda Literary Awards ainsi que le prix littéraire gay et lesbien de l’American Library Association. Bastard Out of Carolina, le roman de Dorothy Allison publié en 1992 chez Dutton, bestseller et finaliste du National Book Award, lui a valu l’attention et la reconnaissance du grand public. On y suit l’histoire de Bone qui, comme Dorothy Allison dans son enfance, subit les abus et maltraitances de son beau-père. Traduit dans plus d’une douzaine de langues, Bastard Out of Carolina a été adapté en téléfilm par Anjelica Huston en 1996.
En 1994, Dorothy Allison a publié un recueil d’essais, Skin: Talking about Sex, Class, & Literature, à nouveau chez Firebrand Books. Dutton a publié en 1995 son récit autobiographique Two or Three Things I Know For Sure, suivi en 1998 de son second roman, Cavedweller, adapté ensuite au cinéma par Lisa Cholodenko.
En français, l’œuvre de Dorothy Allison a commencé à circuler à la fin des années 1990, à la faveur de la traduction de ses deux romans, L’Histoire de Bone et Retour à Cayro, traduits par Michèle Valencia et publiés en 1998 chez 10/18 et Belfond, puis de son recueil d’essais, Peau, À propos de sexe, de classe et de littérature, publié en 1999 au Rayon gay, chez Balland, dans une traduction de Nicolas Milon. En 2015, la traduction de ce recueil culte de l’autrice a été révisée et complétée par Camille Olivier, pour la collection Sorcières des éditions Cambourakis qui a ensuite publié son récit autobiographique Deux ou trois choses dont je suis sûre et son recueil de nouvelles Trash, Vilaines histoires & filles coriaces, respectivement en 2021 et 2022, tous deux traduits par Noémie Grunenwald. Cette dernière a également signé la traduction du recueil de poésie de Dorothy Allison, Les Femmes qui me détestent, publiée en 2024 aux éditions Hystériques & AssociéEs et accompagnée d’une postface de Lucile Dumont examinant le parcours littéraire de l’autrice et sa réception en France.
Appréciée des étudiant-es, Dorothy Allison a enseigné la création littéraire et est intervenue dans de nombreuses écoles et universités, parmi lesquelles Emory University et Davidson College. Tout au long de sa vie, elle a écrit des textes érotiques (ou plutôt des obscénités, comme elle disait), qu’elle a fait circuler auprès de toute une clique de lectrices. Comme beaucoup d’écrivain-es de sa génération, elle a également entretenu de nombreuses correspondances. En 2024, Publishing Triangle lui a décerné le prix Bill Whitehead pour l’ensemble de sa carrière.
Précédée dans la mort par Alix Layman, son épouse (après l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, elle a toujours décrit leur relation comme ayant été « validée par la rue »), Dorothy Allison laisse derrière elle son fils chéri, Wolf, ainsi que toute une communauté d’ami-es et de camarades bienaimé-es.
nécrologie : Sinister Wisdom, Dorothy Allison estate, Hystériques & AssociéEs
illustration : © Stéphanie Garzanti
Cécile Coicaud
Sara Ahmed
Obstinées

Obstinées
Sara Ahmed
traduction de Noémie Grunenwald & Cécile Coicaud
en librairie depuis le 25 octobre 2024
240p. / 12x19cm / 16€ / isbn 978-2-9567194-9-6
Elles sont obstinées, rabat-joies et rétives. Les féministes queers, racisées, lesbiennes et/ou trans dont parle Sara Ahmed cassent l’ambiance en soirée et posent des questions qui fâchent. Dans ces textes issus de ses recherches et interventions, l’autrice traite des affinités politiques entre féministes cis et trans, des « vadrouilleuses obstinées » comme figures queers, des misères et des possibles du langage de la diversité, et de la signification individuelle et collective de la honte. Pluriel dans ses thématiques, ce recueil offre une introduction à la pensée de Sara Ahmed et décortique les idées et les débats les plus complexes afin de construire du commun depuis les marges.
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Un livre-outil pour combattre sans ambiguïté les rhétoriques antitrans (qu’elles viennent de la droite assumée ou des égouts du mouvement féministe), pour porter un regard critique sur les appels à l’inclusion et à la diversité, pour aborder avec circonspection les étalages publics d’excuses honteuses, et pour tisser des liens véritables entre tordues, têtes de mules, rabat-joies et casseuses d’ambiance…
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Sara Ahmed est écrivaine féministe et chercheuse indépendante. Elle est l’autrice d’une douzaine d’ouvrages publiés depuis la fin des années 1990. Elle travaille à l’intersection des études féministes, des études queers et des études sur la race. Ses travaux portent sur les différentes manières dont les corps et les mondes prennent forme, ainsi que sur la façon dont le pouvoir est exercé et contesté dans la vie quotidienne et au sein des cultures institutionnelles. Fin 2016, elle a démissionné de son poste à Goldsmiths (Université de Londres) en signe de protestation face à l’incapacité de l’institution à traiter le problème du harcèlement sexuel. Elle se consacre désormais principalement à l’écriture et à la recherche.

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couverture : Lisa Durand / portrait : Sarah Franklin
Stone butch blues [NED 2024]
« Ce roman de Leslie Feinberg est un livre culte, une expérience de lecture unique et bouleversante. Nous sommes heureuses qu’il soit enfin traduit en français, dans une très belle édition, cela faisait 25 ans que nous attendions cet évènement. » (C. Lemoine & C. Florian, Violette & Co)
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Stone butch blues [Nouvelle édition 2024]
Leslie Feinberg
traduit de l’anglais par un collectif militant
en librairie depuis le 11 octobre 2024
608p. / 14x21cm / 19€ / isbn 978-2-9567194-8-9
Stone butch blues raconte l’histoire de Jess, né·e aux États-Unis dans les années 1950 au sein d’une famille juive et prolétaire. De son enfance rythmée par les interrogations des passant·e·s sur son genre (« c’est un garçon ou c’est une fille ? ») à son adolescence et sa découverte des bars de nuit où se côtoient lesbiennes, drag queens et travailleuses du sexe, de ses premières embauches en usine avec d’autres butchs à sa transition, jusqu’à sa rencontre avec le mouvement LGBT naissant, son parcours traverse les décennies et nous parle d’amour, d’amitié, de politique, d’identité. Par dessus tout, Stone butch blues est un hommage à la solidarité et à la construction de ces communautés qui nous permettent de tenir ensemble et de survivre à la violence de ce monde.
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Militant·e transgenre, communiste révolutionnaire, juif/ve laïc et activiste antiraciste, Leslie Feinberg s’est inspiré·e de sa propre vie pour écrire ce roman, en 1993. Décédé·e en 2014 après des années de maladie, iel nous a offert avant de partir une toute nouvelle édition de Stone Butch Blues, disponible intégralement en ligne.

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couverture : Rizzo Boring & Marine Le Thellec / portrait : Leslie Feinberg
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En dépit de son succès international qui l’a élevé au rang de référence communautaire lesbienne et trans, Stone butch blues n’avait jamais été édité en français. Bien que n’étant pas traduct·eur·rice·s, nous sommes quelques personnes fortement marquées par la lecture de ce livre à avoir voulu en proposer une traduction militante, disponible à prix coûtant en livre imprimé et téléchargeable gratuitement, pour qu’il puisse un jour alimenter d’autres réflexions et imaginaires, comme il a enrichit les nôtres.
Pour le rendre accessible à une majorité de personnes, mais aussi pour répondre aux exigences que Leslie Feinberg a formulé en postface de la dernière édition, nous avons publié Stone butch blues au prix le plus bas possible, sans autre objectif que de combler les coûts de production et de diffusion-distribution.
La première édition de cette traduction française a été publiée en septembre 2019.
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Vous trouverez ici l’édition en ligne
(à télécharger ou à lire directement en ligne) de Stone Butch Blues !

